Télé Nantes : « Identifier les économies d’énergie les plus rémunératrices »

Bertrand Jermann, fondateur de Cherpas, est interrogé en direct sur Télénantes. Il donne des éléments d’appréciation sur la situation des entreprises face à la crise de l’énergie.

Selon le Medef (Mouvement des entreprises de France), la hausse du prix de l’énergie coûterait seize milliards d’euros aux entreprises françaises cette année. Face à ces chiffres vertigineux, quelques conseils aujourd’hui pour tenter de réduire les coûts autant que possible. Nous sommes en direct avec Bertrand Jermann. Il est le fondateur de Cherpas, une entreprise française experte en factures d’énergie.

Bonsoir. Merci d’être en direct avec nous sur Télénantes. On le voit, beaucoup de petites entreprises sont confrontées de plein fouet à cette hausse des tarifs de l’énergie. À combien se monte cette hausse, par rapport aux années précédentes ?

Nous observons aujourd’hui communément que des entreprises ont multiplié leur budget d’énergie par cinq, par rapport à ce qui se pratiquait avant la crise Covid, en 2019.

Auparavant, ces entreprises ne se préoccupaient pas spécialement de leur facture d’électricité et de gaz?

À l’époque, le prix de l’énergie était extrêmement bas et stable. Il représentait une faible part de leur chiffre d’affaires, et surtout il ne bougeait pas d’une année sur l’autre. Il était assimilé à un poste de frais généraux, comme le sont le courrier, les télécommunications, les fournitures de bureau. Cette poche de frais était peu scrutée — à raison, car il y avait peu d’intérêt à s’y pencher de façon précise.

La hausse des coûts de l’énergie peut avoir des conséquences dramatiques sur les entreprises. Selon vous, il faut commencer par déchiffrer son contrat ?

Le particulier peut changer de contrat quand bon lui semble. Il n’a pas d’engagement avec son fournisseur d’énergie. Au contraire, une entreprise signe ses contrats pour une certaine durée. En général, elle est engagée sur la durée de ce contrat et peut difficilement en sortir. La problématique à laquelle font face les entreprises aujourd’hui est la suivante. Certaines ont des contrats qui sont arrivés à échéance en fin d’année 2022. Elles ont été, sous une certaine forme de pression, incitées à signer des nouveaux contrats pour 2023. Mais les tarifs sont évidemment beaucoup plus élevés — ce qu’elle n’avaient pas du tout anticipé à ce moment-là.

Vous dites également qu’il faut étaler les activités énergivores sur l’année. Comment fait-on quand on est une entreprise et qu’on a une production par exemple à mettre en place ?

Nous observons ces cas de figure chez nos clients. À partir du moment où le poste énergie se met à impacter votre coût de production, vous pouvez aller chercher quelques axes d’optimisation. Vous pouvez essayer de faire travailler certaines machines énergivores à des moments où l’énergie coûte moins cher.

On a la capacité, en allant regarder la façon dont l’énergie est consommée, et surtout l’évolution du prix au cours de la journée, de trouver des moments où on peut mettre certaines machines à l’arrêt et en faire tourner d’autres qui sont moins énergivores. On ne réduit pas nécessairement sa consommation sur l’année, mais on peut réduire la consommation au moment elle coûte le plus cher.

Comment peut-on connaître ces moments où l’énergie coûte le plus cher ? Est-ce indiqué dans nos contrats ?

Effectivement, c’est vraiment une problématique à laquelle font face les dirigeants d’entreprises. C’est un sujet complexe sur lequel l’information est assez difficilement accessible. Comprendre son contrat, comprendre sa facture, comprendre les périodes tarifaires et l’évolution des coûts entre les périodes tarifaires, tout cela tourne vite au casse-tête. Auparavant, ce n’était pas très grave. Ces coûts ne bougeaient pas. Aujourd’hui, ce problème devient grave, parce que ces coûts sont devenus volatils. Il est donc important pour les chefs d’entreprise de comprendre où ils doivent faire des efforts, et où finalement c’est moins intéressant.

C’est ce que vous faites justement chez Cherpas. Vous accompagnez des entreprises pour les aider à réduire leurs factures d’énergie. Vous accompagnez notamment des entreprises Nantaises. À combien peut se chiffrer cette baisse grâce à de telles optimisations ?

On est capable d’aller chercher des économies de l’ordre de 20 à 25% sur la facture totale de l’année, voire plus encore si on est en position de renégocier le contrat. Cette technologie que nous avons développée est capable d’identifier l’effort le moins douloureux et le plus rémunérateur — là où le jeu en vaut le plus la chandelle. Nous trouvons les moments où en déportant telle consommation sur un autre moment, on va réussir à baisser de manière significative son coût d’énergie sur l’année.

En quelques mots, qu’est-ce qui coûte le plus cher aux entreprises aujourd’hui ? S’agit-il des machines ?

Sont concernées toutes les entreprises qui utilisent de l’énergie pour faire tourner une usine ou pour faire tourner un entrepôt : manutention, robots, machines de fabrication. C’est moins sensible dans le secteur tertiaire. C’est beaucoup plus sensible effectivement dans le secteur industriel.

Merci beaucoup Bertrand Jermann d’avoir été avec nous sur Télé Nantes et pour toutes ces explications.

« Entreprises : Comment réduire ses factures d’énergie ? », Télénantes, 3 janvier 2023.